Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/360

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marades, se retirèrent à l’écart en les voyant se diriger à pas lents vers la plage, et ils s’entretenaient, d’un air compatissant, à demi-voix.

Ce fut sur la plage que je les trouvai. Il eût été facile de s’apercevoir qu’ils n’avaient pas dormi de toute la nuit, quand bien même ma vieille bonne ne m’aurait pas appris qu’ils étaient restés assis sur leurs chaises jusqu’au grand jour. Ils étaient accablés, et M. Daniel Peggoty avait plus vieilli en cette seule nuit que pendant tout le temps que je l’avais connu ; mais ils étaient l’un et l’autre aussi graves et calmes que la mer elle-même, — alors sans vagues sous un ciel sombre, — se déroulant avec lenteur comme si elle respirait dans son repos, — et bordée à l’horizon d’une longue bande de lumière émanée du soleil caché derrière son voile de vapeurs.

« — Nous avons beaucoup causé, » me dit M. Daniel Peggoty après nous être promenés tous les trois quelque temps en silence, « de ce que nous devons et de ce que nous ne devons pas faire… mais nous savons notre chemin à présent. »

Je regardais en ce moment Cham qui contemplait lui-même la limite de l’horizon, et