Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 2.djvu/88

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J’avais eu avec ma tante maintes graves délibérations sur la carrière que j’embrasserais. Depuis plus d’un an, je cherchais en vain une réponse satisfaisante à sa question si souvent répétée : « — Trot, que voudriez-vous être ? » Je n’avais aucune préférence particulière, aucune vocation que je pusse découvrir. Ah ! si j’avais pu recevoir par inspiration la science de la navigation, prendre le commandement d’une expédition maritime et faire en triomphe le tour du monde, je crois que je me serais trouvé complètement préparé pour être un second Lapeyrouse ou un autre capitaine Cook ! mais, à défaut de cette bonne fortune miraculeuse, mon désir était de me livrer à quelque étude qui ne me forçât pas de tirer de trop grosses sommes sur la bourse de ma tante, — tout disposé d’ailleurs à faire mon devoir, quel qu’il fût.

M. Dick avait régulièrement assisté à tous nos conseils avec une attitude de sage méditation. Il ne se permit de suggérer qu’une chose, et je ne sais quelle idée il avait en tête ce jour-là : « Je proposerai, » dit-il, « qu’il se fasse dinandier. » Dinandier ! ma tante reçut si mal cette proposition, que M. Dick n’en hasarda plus d’autres. Il se contenta d’écouter,