Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/11

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s’il ne m’est pas permis de faire allusion à la dépravation naturelle du cœur humain, je puis… je dois même être autorisée à faire allusion à une confiance mal placée. »

M. Spenlow murmura tout bas son assentiment et Miss Murdstone ajouta :

« — Hier au soir, après le thé, j’observai le petit chien qui tantôt mordait et tantôt roulait avec ses pattes quelque chose autour du salon ; je dis à Miss Spenlow : « Dora, qu’est-ce que le chien a dans sa gueule ? c’est du papier. » Miss Spenlow mit aussitôt la main à sa robe, poussa un cri et courut au chien. Je la prévins en lui disant : « Dora, ma chère, permettez… »

Oh ! Jip, misérable épagneul, cette catastrophe fut donc votre ouvrage !

« — Miss Spenlow, » dit Miss Murdstone, « essaya de me séduire par des caresses, de me corrompre par des bijoux, etc., je passe cela sous silence. Le petit chien, de son côté, s’était réfugié, à mon approche, sous le sopha, et il fallut les pincettes et la pelle pour le déloger ; même alors, ce ne fut pas facile de lui arracher la lettre des dents, et quand, au risque d’être mordue, je la saisis, il y resta suspendu avec une obstination remarquable ; à la