Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/110

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s’écria Dora, et évidemment elle le croyait, puisqu’elle pleura à chaudes larmes.

Je fis un autre tour dans la chambre, plein d’amour pour ma jolie petite femme, et m’accusant moi-même de l’avoir fait pleurer : je me serais, par moment, cogné la tête contre la porte ; mais je finis par me rasseoir, et, tout en m’expliquant pour me justifier, je voulus faire un dernier effort de raisonnement :

« — Je ne vous blâme pas, Dora, » dis-je, « nous avons beaucoup à apprendre l’un et l’autre : je cherche seulement à vous prouver que vous devriez… que vous devriez réellement… vous accoutumer à surveiller Marianne… comme aussi à agir un peu par vous-même… pour vous et pour moi. 

» — Je m’étonne, oui, je m’étonne, » répondit Dora en sanglotant, « que vous parliez avec cette ingratitude, quand vous savez que l’autre jour, vous ayant ouï dire que vous mangeriez volontiers un peu de poisson, j’allai moi-même, loin, bien loin, et ordonnai un plat de poisson pour vous faire une surprise. 

» — Et ce fut très aimable à vous, ma bien-aimée. Je trouvai cela si aimable, que pour rien au monde je n’aurais voulu vous rappeler