Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/113

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» — Trot, » répondit ma tante avec émotion, « non ! n’exigez pas cela de moi. »

Son ton sérieux excita ma surprise.

« — Quand je reviens sur ma vie passée, » continua-t-elle, « je me rappelle quelques-uns de ceux qui ne sont plus et à qui j’aurais pu témoigner plus d’indulgence. Si je jugeai sévèrement les erreurs des autres en fait de mariage, ce fut, peut-être, parce que j’avais de sévères motifs pour juger sévèrement les miennes. Qu’il n’en soit plus ainsi. J’ai été autrefois une femme bizarre, brusque et grondeuse… Je le suis encore et le serai toujours. Mais, Trot, vous et moi nous nous sommes fait un peu de bien l’un à l’autre… À tout événement, vous m’avez fait du bien, mon enfant, et il ne faut pas que la discorde naisse entre nous à cette heure. 

» — La discorde entre nous ! » m’écriai-je.

« — Enfant ! enfant que vous êtes, » reprit ma tante, « Dieu sait comme elle naîtrait vite et comme je rendrais notre Dora malheureuse si je me mêlais de vos petits différends. Non ! non ! j’ai besoin que notre favorite m’aime et soit aussi gaie qu’un papillon ! Souvenez-vous de la maison de votre mère après son second mariage, et gardez-vous