Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/119

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prendre modèle sur nous quand il serait dans son ménage avec sa fidèle Sophie.

Nous nous mîmes à table : certes, je n’aurais pu souhaiter avoir en face de moi une plus jolie petite femme que Dora ; mais il me sembla, pour la première fois, que nous n’avions pas tous les aises qu’il est permis de désirer dans un dîner sans façon. Comment cela se faisait-il ? je n’en savais rien ; alors même que nous n’étions que nous deux, nous manquions de place, et cependant nous en avions toujours assez pour tout égarer. Je soupçonne que ce pouvait bien être parce que rien n’était à sa place, excepté la pagode de Jip, qui bloquait invariablement le passage le plus large de toute la maison. En cette circonstance, Traddles se trouva si serré entre ladite pagode et l’étui à guitare, le chevalet de peinture de Dora et mon bureau à écrire, que je doutais qu’il fût en état de se servir de son couteau et de sa fourchette ; mais, sur l’observation que j’en fis, il protesta avec sa bonne humeur habituelle : « Non, non, Copperfield, j’ai de la place de reste, je vous assure, de la place à faire manœuvrer un vaisseau de guerre. »

J’aurais désiré encore que Jip ne fût pas encouragé à se promener sur la table pendant le