Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/121

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ouvrir, et qu’il n’y eut pas moyen de les ouvrir nous-mêmes, faute de couteaux à cet usage.

Enfin, le dîner terminé, pendant que nous vidions un carafon de vin de Xérès, Dora prépara le thé et nous le servit avec une grâce ravissante ; puis elle prit sa guitare et chanta de sa voix de sirène ses plus douces romances, me ramenant en imagination à la première soirée où je la vis et devins amoureux d’elle.

Lorsque Traddles eut pris congé de nous, ma petite femme vint planter sa chaise près de la mienne, et me remerciant, de ne pas avoir fait semblant de m’apercevoir qu’elle avait traité si mal mon ami : — « Davy, » me dit-elle, « c’est bien gentil à vous de ne pas me gronder ce soir ; mais c’est moi qui viens vous prier de me donner des leçons. 

» — Il me faudrait, » lui répondis-je, » « ma chère amie, commencer par en recevoir moi-même : je n’en sais pas plus que vous. 

» — Oui, mais vous pouvez apprendre, vous qui avez tant d’esprit et de talent. 

» — Absurde ! mon petit rat 

» — Je regrette, » reprit Dora après un long silence, « de n’être pas allée à Cantorbéry pendent un an pour y demeurer avec Agnès. »