Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/122

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En parlant ainsi, les mains jointes sur mon épaule et le menton appuyé sur ses mains, elle me regardait tendrement avec ses charmants yeux bleus.

« — Pourquoi ? » lui demandai-je.

« — Je pense qu’elle aurait pu me former, et qu’avec elle j’aurais pu apprendre. 

» — Il faut le temps à tout, mon amour ; souvenez-vous qu’Agnès fut élevée par son père, qui, pour en faire une femme de ménage, s’occupa d’elle pendant des années ; tout enfant, elle était l’Agnès que nous connaissons aujourd’hui. 

» — Voulez-vous, » dit Dora sans changer de place, « me donner un nom que je désire que vous me donniez ? 

» — Quel nom ? » dis-je en souriant.

« — C’est un nom bien naïf, » répliqua-t-elle en branlant la tête : « femme-enfant

» — Quelle idée ! ma femme-enfant ! 

» — Je ne prétends pas, Monsieur le sot que vous m’appeliez ainsi au lieu de m’appeler Dora ; mais je veux que vous pensiez à moi sous ce nom. Quand vous êtes sur le point de me gronder, dites-vous à vous-même : — « Ce n’est que ma femme-enfant ! » Quand je vous cause quelque vif désappointement, dites :