Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/125

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et documents, qui ressemblaient plus à du papier à papillotes qu’à autre chose ; elle les compulsait et les comparaît ; elle comptait sur ses doigts de la main gauche et sur ceux de la main droite ; mais le résultat était toujours le même : Dora s’arrêtait si découragée et si malheureuse, que, désolé de la voir s’imposer pour moi une tâche ingrate, je m’approchais tout doucement, et lui disais :

« — Dora, ma chère, faites-moi un plaisir : laissez-là vos comptes pour ce soir et prenez votre guitare ; je suis fatigué, moi aussi : un peu de musique me reposerait l’imagination. »

J’étais réellement fatigué parfois, et plus tard j’eus aussi mon tourment d’esprit ; mais je ne me plaignais jamais que de cette manière. Avais-je tort ? Peut-être ; mais qu’aurais-je gagné à être plus exigeant envers ma femme-enfant ? Et, quant à mes réflexions, je n’aurais certes pas pu alors les exprimer aussi clairement que sur cette feuille de papier où je dépose sans réserve tous les secrets de mon cœur. — Avais-je obtenu la complète réalisation de l’idéal de ma jeunesse ? N’avais-je pas quelquefois rêvé une compagne qui m’inspirerait de ses conseils, qui suppléerait à mon caractère faible par la force du sien, qui,