Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/133

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sans doute, si c’est là ce que vous voulez dire, » reprit cet homme ; « je vis comme un hibou. 

» — Vous me dépouillâtes autrefois de la plus grande partie de mon avoir, » dit ma tante ; « vous êtes cause que je fermai mon cœur au monde entier pendant des années ; vous fûtes injuste, ingrat, faux et cruel ; allez-vous en et repentez-vous ; n’ajoutez pas de nouveaux outrages à ceux dont vous m’avez abreuvée. 

» — Oui, oui, voilà de belles phrases !… » dit l’inconnu. « Il faut bien pourtant que je me tire d’affaire à présent et le mieux que je peux. »

En dépit de lui-même, il parut confondu par les larmes d’indignation que versait ma tante, et il sortit du jardin d’un air mécontent. Je pris un détour et j’allai vers la petite barrière où je me croisai avec lui comme si j’arrivais au moment où il s’éloignait ; nous nous observâmes réciproquement au passage et le regard que nous échangeâmes n’avait rien de bienveillant. Je fus bientôt auprès de ma tante.

« — Ma tante, » lui dis-je allant droit au but, « c’est le même homme qui est venu vous faire peur ; laissez-moi lui parler. Qui est-il ? 

» — Enfant, » répondit ma tante en prenant