Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/151

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ans, je crois, qu’il aboierait après moi jusqu’à son dernier soupir. »

C’est qu’en effet Jip étant, avec l’aide de Dora, parvenu à sauter sur le fauteuil, bravait toutes les avances de ma tante dont la figure excitait d’autant plus sa bruyante fureur qu’elle avait récemment adopté l’usage des lunettes, et, par un inexplicable motif, les lunettes semblaient sans doute à Jip une injure personnelle.

Alors Dora l’apaisa, non sans peine, et quand il fut tranquille, elle le caressa en répétant d’un air pensif : « Même le petit Jip, oh ! le pauvre diable ! »

« — Ses poumons sont assez solides, » dit ma tante en riant, « et ses antipathies ne sont pas faciles à vaincre… Il vivra bien des années encore, sans doute ; mais, si vous voulez un chien qui coure avec vous, Petite-Fleur, Jip a été trop bien nourri pour cela, et je vous en donnerai un autre. 

» — Je vous remercie, tante, » dit Dora ; « mais, je vous en prie, ne m’en donnez pas. 

» — Non ? » reprit ma tante en ôtant ses lunettes.

« — Je ne pourrais pas avoir d’autre chien que Jip, » dit Dora, « ce serait être peu aima-