Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/161

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tôt qu’à là mienne, à cause de la faible santé de Dora. Ma tante, prévenue de notre retour, accourut pour recevoir gracieusement M. Micawber, qui lui baisa la main, se retira dans l’embrasure de la fenêtre, et, tirant son mouchoir de sa poche, eut une lutte mentale avec lui-même. M. Dick, qui était présent, poussé par sa sympathie instinctive pour toute personne dans la peine, fit des avances auxquelles notre hôte répondit avec des salutations et puis des poignées de main qui nous auraient amusés en toute autre circonstance ; mais nous étions trop préoccupés de notre curiosité pour ne pas tout prendre au sérieux, et ma tante la première, en plaçant devant M. Micawber les ingrédients nécessaires pour composer le punch annoncé, entreprit de le faire parler :

« — J’espère, » lui dit-elle, « que Mrs Micawber et toute votre famille se portent bien. 

» — Aussi bien, Madame, » répondit-il avec un air de désespoir, « que peuvent se porter des proscrits et des vagabonds !… 

» — Bonté du ciel ! que nous dites-vous là, » s’écria ma tante qui, après une si courte connaissance, n’était pas encore faite aux hyperboles de M. Micawber.

« — Oui, Madame, » reprit-il, « la subsis-