Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/162

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tance de ma famille est dans la balance ; mon patron… »

Mais à ce mot, qui semblait une entrée en matière, il s’interrompit pour râper un citron, et ce fut M. Dick qui, après un intervalle de silence, le rappela à la question : — « Votre patron ?… 

» — Mon bon Monsieur, pardon, » dit M. Micawber ; « je vous remercie : oui, Madame, mon patron… M. Heep, me fit un jour la faveur de me déclarer, sous forme d’observation incidente, que sans les émoluments que je touche chez lui, je serais probablement un charlatan nomade, avalant des glaives et mâchant l’élément dévorateur : je prévois qu’il est probable que mes enfants pourront être réduits à gagner leur vie en tordant convulsivement leurs membres, pendant que Mrs Micawber encouragera leurs prouesses en jouant de l’orgue de Barbarie. »

Un geste fait avec le couteau nous fit comprendre que ces prouesses n’auraient lieu que lorsque le malheureux père ne serait plus. Après cette pantomime, M. Micawber se remit à râper les citrons avec son air de désespoir muet ; malgré notre impatience, nous aurions respecté plus long-temps son trouble et ses