Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/163

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distractions, qui allèrent jusqu’à prendre le chandelier pour une bouilloire et les mouchettes pour la pince à sucre ; mais il s’aperçut lui-même de son impuissance à continuer son opération favorite, laissa tout sur la table, et, s’armant de son mouchoir, il me dit à travers ses larmes :

« — Mon cher Copperfield, s’il est une occupation pour laquelle on ait besoin de tout son calme et de toute l’estime de soi-même, c’est celle que j’ai eu tort d’entreprendre. J’y renonce. 

» — M. Micawber, » lui dis-je, « de quoi donc s’agit-il ; je vous en conjure, parlez, vous êtes au milieu d’amis. 

» — Au milieu d’amis, Monsieur ! » répéta M. Micawber, et tout ce qu’il avait sur le cœur fit enfin explosion. « Bonté du ciel ! c’est justement parce que je suis au milieu d’amis que j’éprouve ce désordre de mes esprits ! de quoi donc s’agit-il, me demandez-vous ! de quoi donc ne s’agit-il pas ? il s’agit d’une scélératesse, il s’agit d’une infamie, il s’agit d’une déception, d’une fraude, d’un complot, et un nom résume toutes ces atrocités : — Heep ! »

Ma tante frappa des mains et nous nous levâmes tous dans une agitation extrême.