Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« La lutte est terminée ! » s’écria M. Micawber avec une véhémence de geste qui indiquait par quelle crise il avait passé ; « je ne mènerai plus une pareille vie. Je suis un misérable sevré de tout ce qui rend l’existence tolérable. J’ai trop vécu dans le cercle étroit tracé autour de moi par cet être infernal ; rendez-moi ma femme, rendez-moi mes enfants, substituez Micawber libre à l’indigne esclave qui a en ce moment les pieds dans mes bottes, et dites-moi d’avaler demain une épée, je l’avalerai… oui, avec appétit. »

Je ne vis jamais un homme plus exalté. Je tentai en vain de l’apaiser, afin qu’il pût sortir de sa bouche quelque chose de rationnel ; il ne voulut m’écouter qu’après avoir débité toute sa déclamation métaphorique, accompagnée de gestes furieux.

« — Je ne toucherai la main à un autre homme, » poursuivit-il, « que lorsque j’aurai brisé… ce détestable serpent… Heep ; je n’accepterai l’hospitalité que lorsque j’aurai… allumé l’éruption du Vésuve… sur ce coquin damné… Heep. Un rafraîchissement sous ce toit… surtout le punch… m’étoufferait… si je n’avais préalablement arraché le masque… et les yeux à cet abominable fripon… Heep. Je