Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/177

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entra Agnès, suivie de M. Micawber, qui était allé la chercher. Il me sembla qu’elle n’avait pas la physionomie aussi calme que d’habitude ; mais son émotion prêtait un éclat nouveau à sa douce beauté.

Je vis Uriah qui l’observait pendant qu’elle nous témoignait le plaisir que lui procurait notre visite, et il me fit souvenir d’un de ces contes noirs où un mauvais génie rebelle surveilla un bon ange. Traddles et M. Micawber ayant échangé quelque signe d’intelligence, Traddles sortit sans qu’un autre que moi y fit attention.

« — Vous pouvez vous retirer, Micawber, » dit Uriah.

M. Micawber, une main sur la règle à demi cachée sous son gilet, et debout sur le seuil de la porte, observait un de ses semblables, et ce mortel était son patron.

« — Qu’attendez-vous, Micawber ? M’avez-vous entendu ? » répéta Uriah.

« — Oui, » reprit M. Micawber immobile et impassible.

« — Eh bien ! alors, pourquoi ne vous retirez-vous pas ?

» — Parce que je… parce que je ne veux pas, » repartit M. Micawber.