Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/178

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Uriah devint blême et regarda M. Micawber avec un air qui exprimait encore plus de surprime que de colère, ou du moins il sut réprimer assez ce dernier mouvement pour dire avec un sourire forcé :

« — Vous êtes par trop original, quelquefois, Micawber ; j’ai peur d’être obligé enfin de me passer de vos services… Retirez-vous, je vous parlerai tout à l’heure. 

M. Micawber, éclatant ici avec une soudaine véhémence, s’écria :

« — S’il est sur cette terre un coquin avec qui j’ai déjà trop parlé… ce coquin s’appelle Heep ! »

Uriah recula et faillit tomber à la renverse, comme si un bras invisible l’eût frappé. Après avoir promené autour de lui son regard le plus sinistre, il dit en élevant graduellement la voix :

« — Ah ! ah ! il y a ici un guet-apens. Vous vous êtes réunis, Messieurs, d’accord avec mon clerc ! M. Copperfield, prenez-y bien garde : nous ne fûmes jamais amis ; vous vous êtes laissé égarer par l’envie et la haine que je vous ai toujours inspirées ; mais je saurai contreminer vos mines, M. Copperfield. Et vous, Micawber, sortez ! Je suis à vous tout à l’heure.