Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/185

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dire que je fus bientôt forcé de solliciter une avance pécuniaire, pour nourrir Mrs Micawber et notre jeune postérité ! ai-je besoin de dire que cette nécessité avait été prévue par Heep, que ces avances furent garanties par des billets, lettres de change et autres obligations sur un papier bien connu des agents judiciaires de la Grande-Bretagne, et que je me trouvai ainsi embrouillé dans la trame que l’araignée avait tissée pour moi… »

Ici, M. Micawber fit une pause pour jouir de sa rhétorique épistolaire, et il reprit :

« — Ce fut alors que Heep commença à m’admettre dans sa confidence, autant du moins que cela lui était utile pour l’accomplissement de son infernale besogne. Ce fut alors que je commençai, si je puis m’exprimer en termes shakspeariens, « à m’amoindrir, à m’effiler et à languir ; » car je dus concourir à des falsifications successives qui tendaient à enchaîner et à aveugler l’infortuné associé de Heep, au profit du fripon, lequel ne cessait cependant de professer la reconnaissance la plus dévouée à sa victime ! Mais le pire reste encore à dévoiler, comme l’observe le philosophe danois du grand poète, du poète universel qui fut l’ornement du siècle d’Elisabeth ! »