Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/190

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ensuite, avec mon infortunée famille, du sol où nous sommes une excroissance de la création : ce sera bientôt fait. On peut raisonnablement s’attendre à voir expirer le premier d’inanition notre dernier-né, — ce membre le plus frêle de notre petit cercle. — Après lui, expireront, à leur tour, nos deux jumeaux ; qu’ainsi soit ! Quant à moi, mon « pèlerinage de Cantorbéry » a déjà bien avancé ma fin ; la prison pour dettes et la misère l’avanceront bien plus encore. J’ose espérer que le labeur et le péril de l’enquête que j’ai entreprise, enquête dont les moindres pièces ont été recueillies par moi, à travers les risques les plus multipliés, malgré les appréhensions les plus légitimes, le matin avant le lever du jour, le soir à la chute de la rosée, pendant les ardeurs du midi et dans l’ombre de la nuit, sous l’œil vigilant d’un vrai fils du démon ; j’espère que le mérite de cette œuvre désintéressée, de la part d’un homme qu’elle ne pouvait rendre plus pauvre ; j’espère, j’espère, dis-je, que ce mérite versera quelques gouttes d’eau pure sur mon bûcher funéraire. C’est tout ce que je demande. Qu’il me soit permis de dire, comme un héros avec lequel, je n’ai pas, d’ailleurs, la prétention de rivaliser : « Ce que