Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/208

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» — Ne dites pas cela, Dora !… Ma chérie ne le pensez pas. 

» — Je tâcherai, Davy… Mais je suis si heureuse… quoique mon bon Davy se sente si seul devant le fauteuil vide de sa femme-enfant. »

Il est nuit et je suis toujours auprès d’elle. Agnès est arrivée : elle est avec nous depuis l’avant-veille au soir. Agnès, ma tante et moi nous avons passé la journée dans la chambre de Dora. Nous n’avons pas beaucoup parlé, mais Dora a été contente, gaie. Maintenant nous sommes seuls, elle et moi.

Sais-je maintenant que ma femme-enfant me quittera bientôt ? On me l’a dit : je me l’étais déjà dit à moi-même, et cependant je ne suis pas bien sûr d’avoir accepté cette vérité dans mon cœur. Je ne puis, par moments, le croire. Je me suis maintes fois, aujourd’hui même, retiré pour pleurer à part. J’ai invoqué celui qui pleura sur la séparation des vivants et des morts. J’ai essayé de me résigner, et je n’ai pu bannir moi-même de mon cœur la faible espérance qui se flatte de prolonger une existence si chérie. Je tiens la main de Dora dans la mienne ; je sens, à sa douce étreinte, que son amour pour moi est