Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/212

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gnant et essayant de s’endormir. La lune est dans son plein. En regardant par la croisée, je sens couler mes larmes, et mon cœur insoumis est châtié cruellement… cruellement, car je me suis dit à moi-même ce que Dora me disait tout à l’heure, et j’en éprouve un remords.

Je viens m’asseoir près de la cheminée : je repasse dans mon esprit toutes les petites choses qui ont eu lieu entre Dora et moi, et je sens combien il est vrai que les petites choses fond le total de la vie. Elle m’apparaît, la charmante enfant, telle qu’elle m’apparut pour la première fois, avec les grâces dont la revêtait notre jeune amour. Aurait-il mieux valu, en effet, que nous nous fussions aimés comme deux enfants s’aiment, pour s’oublier ensuite ? Cœur insoumis, réponds.

Quel temps s’est écoulé dans cette rêverie solitaire, je l’ignore, lorsque mon attention est appelée sur le vieil ami de ma femme-enfant. De plus en plus inquiet et agité, il rampe hors de sa maisonnette, me regarde, va jusqu’à la porte, et gémit pour indiquer qu’il veut monter à la chambre de sa maîtresse.

« — Non, pas cette nuit, Jip ; pas cette nuit ! »

Jip revient lentement à moi, me lèche les