Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/214

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la première période de mon affliction : ce ne fut que plus tard et progressivement. Si les événements que je vais raconter ne s’étaient pas accumulés autour de moi, d’abord pour troubler et ensuite pour aggraver l’impression de cette affreuse épreuve, il est possible (quoique je ne le croie pas probable) que je fusse tombé immédiatement dans cet état. Comme les choses se passèrent, un intervalle s’écoula avant que je connusse complètement ma situation, — un intervalle pendant lequel je supposai encore que les traits les plus aigus de mon angoisse s’étaient émoussés ; — et c’était alors une sorte de consolation de pouvoir nourrir ma mémoire de tout ce qui m’avait tant charmé dans l’innocence, la tendresse et la beauté de celle que j’avais perdue pour la vie.

Je ne pourrais, à présent même, dire précisément quand et comment il fut proposé et décidé entre nous que j’irais voyager pour demander à un changement de lieux la distraction dont on croyait que j’avais besoin. L’influence d’Agnès, dans cette crise de mon désespoir, dominait tellement tout ce que nous pensions, disions et faisions, que j’attribuerais volontiers à son inspiration ce projet ; mais cette influence se manifestait si peu osten-