Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/222

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quart d’heure avant minuit. Elle a refusé de m’apprendre ce qui la préoccupe ainsi. »

Ma tante, très pâle et visiblement agitée, me laissa parler ; puis, quelques larmes ayant mouillé ses paupières, elle me dit, sa main posée sur la mienne :

« — Ce n’est rien, Trot, ce n’est rien ; d’ailleurs, ce ne sera pas long. Vous saurez tout un peu plus tard… Agnès, ma chère, écoutons ces affaires. »

Traddles commença alors en ces termes : « — Je dois rendre à M. Micawber cette justice que, quoiqu’il semble n’avoir pas été heureux en travaillant pour lui-même, il est infatigable quand il travaille pour les autres : jamais je n’ai trouvé son égal. S’il va toujours du même pas, il doit être aujourd’hui âgé de deux cents ans. Avec quelle impétuosité il plongeait nuit et jour dans les papiers et les registres, sans parler de l’immense nombre de lettres qu’il m’a écrites de cette maison à celle de M. Wickfield et souvent à travers la table qui nous séparait !… c’est vraiment extraordinaire ! 

» — Des lettres ! » s’écria ma tante, « je crois qu’il rêve en lettres.

» — M. Dick a fait aussi merveilles, » pour-