Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/228

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une bougie, brûlai sa lettre, et lui déclarai qu’il devait se taire jusqu’à ce qu’il fût en état de me rembourser, auquel cas je prétendais rentrer dans mes fonds ; mais que, dans le cas contraire, il devait le silence à sa fille… Si quelqu’un me dit une parole, je sors à l’instant, »

Nous restâmes tous muets, pendant qu’Agnès se cachait le visage. 

« — Eh bien ! mon cher Monsieur Traddles, » reprit ma tante après un intervalle, « avez-vous réellement pu faire rendre l’argent au fripon ? 

» Le fait est,» dit Traddles, « que M. Micawber avait si bien pris ses mesures qu’il ne pouvait nous échapper. Chose remarquable, je ne sais trop s’il ne s’était pas emparé de cette somme autant par haine de Copperfield que par cupidité. Il m’a avoué qu’il aurait volontiers dépensé les cinq mille livres sterling pour satisfaire sa lâche envie. 

» — Et qu’est devenu le coquin ? » demanda ma tante en fronçant les sourcils.

« je ne sais trop, » dit Traddles ; » il est parti avec sa mère pour Londres par la diligence de nuit. La mère, pendant tout le temps de notre enquête, n’avait cessé de pleur-