Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« — Tout est perdu ! » nous dit-il en pleurant.

Nous étions préparés à cet incident, qui, on le devine, provenait du fait d’Uriah Heep. Nous eûmes donc bientôt rendu la liberté au futur émigrant, et, cinq minutes après, il était assis, occupé à remplir les blancs du papier timbré avec une satisfaction que sa physionomie n’exprimait au même degré que lorsqu’il préparait un punch. C’était un spectacle de le voir contempler ses lettres de change, les manier en artiste comme les gravures d’un maître, et inscrire sur son portefeuille les dates d’échéance.

« — À présent, Monsieur, » dit ma tante, qui avait étudié cette scène silencieusement, « si vous voulez me permettre de vous donner un avis, c’est de renoncer pour jamais à ce genre de travail. 

» — Madame, » répondit M. Micawber, « je vous le jure, et c’est mon intention d’enregistrer ce serment sur la page vierge de l’avenir. Que Mrs Micawber l’atteste, et que mon fils Wilkins s’en souvienne toujours : mieux vaudrait pour lui mettre sa main au feu que de s’en servir pour signer des lettres de change. Ce sont les serpents qui ont empoisonné la vie de son infortuné père. »