Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/234

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Profondément affecté, et passant en un moment de l’expression de la joie à celle du désespoir, M. Micawber fixa sur les serpents un regard de sombre horreur (dans lequel on lisait encore peut-être un reste de sa récente admiration), les plia et les mit dans sa poche.

Là se terminèrent les affaires de cette soirée. Ma tante et moi, fatigués et tristes, nous voulions retourner à Londres le lendemain. Il fut convenu que les Micawber nous y suivraient après avoir effectué la vente de leurs meubles, que la liquidation de M. Wickfield se réglerait aussi vite que possible sous la direction de Traddles, et qu’Agnès viendrait aussi à Londres pendant ces arrangements. Nous passâmes la nuit à la vieille maison gothique qui, délivrée de la présence de Heep, semblait l’être d’un mauvais esprit, et je me reposai dans la chambre de mes années d’écolier, comme un naufragé qui retrouve ses foyers domestiques.

Le lendemain, nous retournâmes à la maison de ma tante et non à la mienne. Là, nous étant assis tous les deux avant de nous coucher, comme autrefois, ma tante me dit :

« — Trot, désirez-vous réellement connaître ce que j’avais sur le cœur dernièrement ? 

» — Oui, sans doute, ma tante. Si j’ai ja-