Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/241

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cordial. Nous nous étions quittés d’une manière peu gracieuse, si on se le rappelle, et il y avait encore dans cette pâle figure un air du dédain qu’elle ne prenait nullement la peine de dissimuler. Je refusai de m’asseoir auprès d’elle quand elle revint à son siège, et elle me demanda brusquement :

« — Voudriez-vous, s’il vous plaît, Monsieur, me dire si cette fille est retrouvée ?… car elle a pris la fuite ! 

» Elle a pris la fuite ! » répétai-je.

« Oui ! elle l’a quitté, » dit-elle avec un sourire amer ; » si elle n’est pas retrouvée, peut-être ne se retrouvera-t-elle plus… Elle peut fort bien être morte. »

L’outrageante cruauté de son regard me fit mal.

« — La souhaiter morte, » lui répondis-je, « est peut-être le vœu le plus charitable que puisse former pour elle une personne de son sexe. Je suis charmé de voir, Miss Dartle, que le temps vous ait adoucie à ce point ! »

Elle ne daigna pas répliquer à cette ironie, et, m’adressant un autre sourire plein d’amertume :

« — Les amis de cette excellente et infortunée jeune personne, » dit-elle, « sont vos