Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/245

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Pendant une nouvelle pause de Littimer, qui changea encore d’attitude et toussa derrière sa main pour s’éclaircir la voix, Miss Dartle me regarda encore avec son sourire de mauvais augure.

« — Nous étions à Naples, dans une villa sur le rivage ; la jeune femme aimait beaucoup la mer. Après quelques expressions de mutuels reproches, M. James partit un matin, promettant de revenir sous un jour ou deux et me chargeant d’expliquer comment, pour le bonheur de l’un et de l’autre, il était parti pour tout de bon. Mais M. James, je dois le dire, se montra très honorable, laissant une dot assez honnête à la jeune femme et lui conseillant de prendre un mari plus conforme à sa première condition. 

» J’avais accepté volontiers cette double commission, dévoué comme je l’étais à M. James, et très désireux de rétablir la paix entre lui et une tendre mère ; mais à peine eus-je annoncé le départ de M. James, la violence de la jeune femme éclata comme un accès de démence ; il fallut la contenir par force… si elle avait eu un couteau, elle se fût, je crois, poignardée ; si on l’eût laissée courir à la mer, elle s’y fût noyée. »