Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trop l’un et l’autre pour que l’un des deux cède le premier ; le temps ne peut que les rendre chacun plus opiniâtre et plus impérieux, peu vous importe cela encore ; mais c’est pour amener ce que je désirais vous faire savoir. Celle dont vous faites un ange, et qui est pour nous un démon ; cette vulgaire sirène, recueillie par lui dans la vase d’un port de mer… vit peut-être encore, car ces natures de basse origine ont la vie dure. Si elle vit, vous souhaiteriez sans doute retrouver une perle si précieuse et en avoir soin. Nous le souhaitons aussi, parce que nous ne voudrions pas que M. James redevînt, par hasard, sa proie. Nous avons donc un intérêt commun. Voilà pourquoi j’ai voulu vous faire entendre ce que vous avez entendu ; voilà pourquoi je vous tiendrai au courant de ce que j’apprendrai encore, moi qui voudrais infliger à cette malheureuse tous les maux qu’elle serait susceptible d’endurer. Si elle existe encore, fiez-vous à l’instinct de ma haine pour la découvrir… »

Je reconnus au changement de sa physionomie que quelqu’un s’avançait derrière moi. C’était Mrs Steerforth, qui me tendit la main plus froidement qu’autrefois et avec une exagération de sa hauteur naturelle… Cependant,