Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/260

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sionomie, il n’y avait pas à en douter, un dessein funeste avait précipité la course de Marthe Endell vers la Tamise.

Comment ne pas croire à une intervention providentielle ? Parmi les malheureuses victimes de la séduction, trop souvent, hélas ! celles qu’une première faute a fait tomber aussi bas que Martha, désespèrent d’elles-mêmes, et elles cherchent dans le suicide le terme de leurs misères. Lorsque, un peu calmée par nos paroles, Martha sut que ce n’était pas le hasard seul qui nous l’avait fait suivre, lorsqu’elle eut surtout remarqué la bienveillance avec laquelle M. Daniel Peggoty en appelait à ses meilleurs sentiments et la suppliait de s’associer à lui pour retrouver son ancienne compagne et la sauver peut-être d’un désespoir aussi horrible que le sien, elle versa d’abondantes larmes autant sur Émilie que sur elle-même :

« — Ah ! » dit-elle, « je serais un monstre d’ingratitude si je ne consentais pas à vivre pour celle qui resta mon amie malgré l’ignominie dont d’autres m’abreuvèrent… Vous ignorez tout ce qu’Émilie fit pour moi ; vous ignorez qu’il y a trois mois encore, son amitié avait su me découvrir dans Londres et me faire