Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/261

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parvenir de nouvelles preuves de son souvenir généreux ; et moi qui l’accusais de m’avoir enfin oubliée comme les autres. Ah ! je vois pourquoi ses dons ont cessé ; à son tour, elle a donc subi le lâche abandon qui attend celles qui se croient aimées pour elles-mêmes ; mais Dieu est juste : Émilie a déjà assez expié une unique faiblesse, et moi j’espère racheter une partie de ma honte en contribuant à la ramener à son second père, pour qui, soyez-en certains, elle a conservé tous les sentiments de sa reconnaissance filiale. Oui, je me dévoue à cette tâche, et, si j’y étais infidèle, puissé-je connaître un désespoir plus amer encore que celui dont vous venez de me préserver. »

Nous voulûmes, en ramenant Martha à la chambre qu’elle habitait près de Golden Square, lui faire accepter tout ce que contenaient ma bourse et celle de M. Peggoty ; elle ne consentit à prendre que la somme nécessaire au paiement de son loyer :

« — Pour le reste, je travaillerai, » nous dit-elle ; « je veux me rendre digne de la confiance qu’on me témoigne, digne du bien qu’on consent à attendre de moi, toute misérable que je suis ! Recevoir votre argent, ce serait gâter la première bonne pensée qui soit