Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/264

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J’aurais été plus indigné du style outrageant d’une pareille lettre, sans l’heureuse nouvelle que j’apprenais ainsi à travers les menaces et les mépris de cette femme indéfinissable. J’allais la communiquer à ma tante, qui se rapprochait de moi après être allée donner un ordre à Jeannette pendant que je la lisais, lorsque Jeannette elle-même vint nous annoncer que M. Daniel Peggoty désirait me parler. — « Qu’il entre ! » m’écriai-je, et, courant au-devant lui, je lui serrai cordialement la main.

Après quelques paroles rapidement échangées entre nous, ma tante, non moins curieuse que moi du récit que M. Daniel Peggoty venait nous faire, passant son bras dans le sien, le conduisit sous un berceau où nous nous assîmes, elle à sa droite, moi à sa gauche.

« — Martha nous a tenu parole, M. Davy, » dit-il, « c’est elle qui est venue hier au soir me chercher. Émilie était depuis quelques heures chez elle, où elle l’avait laissée toute tremblante encore à l’idée de se savoir si près de moi. Je courus, et, pressant ma chère fille sur mon cœur sans qu’il nous fût possible à elle ni à moi de proférer deux paroles, je l’emmenai au logement où je l’ai si long-temps attendue.