Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/265

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Ce n’est que là qu’elle m’a, je crois, complètement reconnu en tombant tout-à-coup à mes pieds et m’adressant ses prières comme à Dieu. Je n’étais guère moins troublé qu’elle, je vous assure, Monsieur Davy, d’entendre cette voix si douce à mon cœur, et de voir celle qui, enfant, était l’ange de la maison, s’humiliant, s’accusant, implorant mon pardon ! Malgré ma reconnaissance pour le ciel qui me la rendait, je sentais là, je l’avoue, comme une cruelle blessure. »

M. Peggoty passa sa main sur ses yeux pour les essuyer sans chercher à dissimuler ses larmes, et il reprit :

« — Mais cette douleur ne pouvait durer ; mon Émilie était retrouvée ; ne suffisait-il pas de me dire : c’est elle, la voilà ? Excusez-moi si je me laisse aller à parler ainsi de moi… cela m’est échappé avant que je m’en fusse aperçu. 

» — Vous êtes le dévouement même, » lui dit ma tante, « et vous aurez votre récompense. 

» — Lorsque mon Émilie, » poursuivit-il, « prit la fuite de la maison où elle était retenue prisonnière par ce venimeux serpent que M. Davy connaît bien, et Dieu le confonde, —