Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il faisait nuit, une nuit noire, avec un ciel étoilé. Émilie, dans un accès de délire, courut le long de la plage, se croyant sur nos sables de Yarmouth, cherchant notre barque et nous criant de tourner la tête vers elle, parce qu’elle revenait à nous. Elle s’entendait crier elle-même, comme si c’eût été une autre, et, quoique les galets de la grève lui eussent cruellement meurtri les pieds, elle courait toujours ne les sentant pas. Tout-à-coup, le jour se leva, un jour de pluie et de vent ; Émilie était tombée sur un tas de pierres, une femme lui parlait et lui demandait dans le langage du pays ce qui lui était arrivé. Émilie, ouvrant les yeux, la reconnut pour une de celles à qui elle avait souvent parlé sur ce rivage ; car, quoiqu’elle eût couru long-temps pendant la nuit et qu’elle fût tombée loin de la maison d’où elle fuyait, ses promenades à pied, en voiture ou en bateau, l’avaient maintes fois conduite jusque-là, et toute cette plage lui était devenue familière, si bien que la femme qui la rencontrait en cet état la reconnut aussi et se souvint même qu’un jour Émilie avait fait quelques petits présents à ses enfants. Elle l’aida à se relever et la recueillit dans sa chaumière. Que le ciel la bénisse, elle et ses enfants ! Le mari