Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/268

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sans marée du pays où elle se trouvait. Un moment, elle se serait encore figurée être à Yarmouth un dimanche matin ; mais la treille qui projetait ses pampres à la croisée, ainsi que les collines qu’elle aperçut au-delà de la mer, la détrompèrent, et la brave femme qui l’avait soignée dans sa fièvre s’approchant du lit, elle vit bien qu’elle était loin de Yarmouth. Bientôt un des enfants vint à elle, et, lui donnant le nom qu’elle avait voulu autrefois, elle-même, que les enfants lui donnassent, au lieu de l’appeler dame, comme dans ce pays : « fille de pêcheur, » lui dit-il, je vous ai apporté un coquillage. » À ces mots, Émilie fond en larmes, toute sa mémoire lui est revenue.

» Quand Émilie se sentit assez forte, » poursuivit M. Peggoty après avoir encore essuyé ses yeux en silence, « elle résolut de partir pour l’Angleterre. Le mari de l’excellente créature qui lui avait donné asile était de retour. Avec son aide, elle s’embarqua sur un bâtiment de commerce pour Livourne, et de Livourne, pour la France. Elle avait trop peu d’argent pour récompenser grandement ses hôtes, mais j’en suis presque bien aise, tout pauvres qu’ils étaient. Ce qu’ils avaient fait pour elle est enregistré dans le ciel, M. Davy,