Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/275

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son récit, ma bonne Peggoty et Mrs Gummidge tenaient leurs mouchoirs sur les yeux : Cham, qui venait de rentrer, avait été obligé, pour résister à son émotion, d’aller faire une courte promenade sur la plage. Ma présence qui, une heure auparavant, les eût peut-être gênés, leur était d’un vrai secours à tous. Cham me serra affectueusement la main et me parla du voyage de son oncle ainsi que des merveilles qu’il raconterait dans ses lettres ; mais il éluda de nommer Émilie, paraissant d’ailleurs plus calme que son oncle lui-même.

J’admirai plus encore sa force d’âme lorsque, le soir, ma bonne Peggoty, en m’installant dans une petite chambre où le volume des crocodiles m’attendait sur la table, m’assura que Cham était toujours de même. « Je le crois bien triste au fond du cœur, » dit-elle, « mais il est d’une douceur d’ange et il travaille avec plus de courage qu’aucun des ouvriers du chantier. Le soir, nous nous entretenons souvent de notre ancienne vie dans la maison-navire, et il parle d’Émilie enfant… jamais d’Émilie parvenue à l’âge de femme. »

Il m’avait semblé que Cham désirait causer avec moi seul à seul, et je résolus d’aller à sa rencontre le lendemain soir lorsqu’il rentre-