Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/277

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elle-même de lui avoir imposé mon fidèle attachement ; car plusieurs fois je me le reproche et je pense que si je ne l’avais pas forcée de promettre qu’elle m’épouserait, sa confiance en moi était telle qu’un jour ou l’autre elle m’eût révélé ce qui se passait dans son cœur… elle eût accepté mes conseils et j’aurais pu la sauver. »

Je lui serrai la main : — « Est-ce là tout, mon cher Cham ? 

» — Quelque chose encore, » reprit-il après un autre intervalle de recueillement silencieux ; — je l’aimais… j’aime encore son image et son souvenir — trop profondément pour espérer lui persuader que je suis un homme heureux. Je ne pourrais l’être qu’en l’oubliant… et en même temps je ne sais si je consentirais à lui laisser croire que je l’oublie ! mais, M. Davy, vous qui avez étudié, si vous pouviez lui faire savoir que, quelque malheureux que je sois, je puis encore endurer la vie et mon malheur, avec l’espoir de la retrouver un jour là où il n’y a plus de coupables ni de méchants ; — si vous pouviez la consoler à mon endroit en lui expliquant comment je ne serai jamais le mari d’une autre et que je prierai toujours pour