Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/289

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d’où ce terrible vent soufflait contre le rivage, et long-temps avant que nous vissions la mer elle-même, nous sentîmes à nos lèvres son écume âcre, et une pluie salée tomba sur nous. L’eau couvrait l’espace de plusieurs milles dans le pays plat qui avoisine Yarmouth. Il n’était pas une mare qui ne fouettât ses bords et ne soulevât son inondation de petits brisants dans notre direction. Quand nous fûmes en vue de la plage, les vagues montant à l’horizon maritime y figuraient au-dessus de l’abîme les accidents d’un rivage supérieur avec des tours et des édifices ; quand enfin nous entrâmes dans la ville, les habitants accoururent sur les portes des maisons, l’air effaré, ne pouvant concevoir comment la malle avait pu voyager par une nuit pareille.

Je descendis à la vieille auberge et me dirigeai vers la mer, pensant rencontrer Cham sur la plage. Ce ne fut pas sans efforts que je franchis la rue, parsemée de graviers et d’algues, sous une pluie de flocons d’écume, sous une grêle de tuiles et d’ardoises, louvoyant d’une maison à l’autre, me heurtant avec tous ceux qui se cramponnaient comme moi aux angles pour résister aux rafales. Sur la plage même, je ne vis pas seulement les marins,