Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/290

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mais la moitié des hommes de la population, s’abritant derrière les constructions du quai, quelques-uns s’avançant de temps en temps pour regarder la mer, et, repoussés bientôt par la fureur de l’ouragan, trop heureux de pouvoir rétrograder à pas obliques jusqu’au point d’où ils s’étaient écartés en osant le braver.

Ayant joint ces groupes, j’y trouvai des femmes en pleurs dont les maris étaient à la mer sur des barques à pêcher les harengs ou les huîtres, et qu’on avait trop raison de croire avoir sombré avant de s’être réfugiés dans aucun port ; j’y trouvai des vieillards hochant la tête, regardant tantôt le ciel, tantôt la mer, et se parlant tout bas les uns aux autres ; des armateurs se communiquant leurs inquiétudes ; des jeunes gens consultant le visage des hommes plus âgés qu’eux, et enfin de robustes marins braquant leurs lunettes pour examiner les vagues comme si c’eût été une invasion ennemie.

Le terrible élément lui-même, lorsque, entre deux rafales, au milieu du bruit étourdissant et de l’agitation générale, je pouvais saisir un moment pour le contempler, me remplissait de trouble. On eût dit, en voyant