Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/299

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miers et me trouvai de nouveau en face de la mer toujours furieuse.

Le vent pouvait bien cependant n’être plus aussi fort, quoique la diminution de sa violence ne fût guère plus sensible que ne l’eût été l’effet de quelques bouches à feu réduites au silence dans la canonnade grandiose de mon rêve. Mais la mer ayant subi additionnellement l’agitation de toute la nuit, était infiniment plus terrible que lorsque je l’avais vue la veille. Les brisants s’élevaient plus haut encore et retombaient avec plus de fracas l’un sur l’autre, tantôt roulant séparément, tantôt se confondant en une masse gigantesque.

Il était si difficile d’entendre autre chose que le vent et les vagues ; il fallait de tels efforts pour tenir tête aux bourrasques qui repoussaient la foule au milieu de laquelle je m’arrêtai pour fixer les yeux sur le navire menacé de naufrage, que je ne pus d’abord apercevoir que la crête écumante des lames. Un marinier habillé à demi, debout à côté de moi, étendit vers la gauche son bras nu, sur lequel il avait tatoué la figure d’une flèche…

Je vis enfin le malheureux navire, là, tout près de nous, ô ciel !

Un de ses mâts avait été coupé net à six ou