Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/300

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huit pieds du niveau du pont ; il pendait par dessus le bord, empêtré dans une complication de cordages, de voiles et d’agrès. À mesure que le bâtiment courait des bordées, — et il en courait sans cesse avec une impétuosité inconcevable, — ce mât battait à grands coups un des côtés de la carène comme s’il eût voulu l’enfoncer. On faisait à bord quelques tentatives pour se délivrer de ce fatal débris de naufrage ; car, lorsque le bâtiment vira vers nous dans une de ses interminables bordées, je distinguai parfaitement les hommes de l’équipage armés de haches, et surtout un homme à longs cheveux bouclés, remarquable par son activité entre tous les autres. Mais, en ce moment même, un grand cri s’éleva du rivage, un cri dominant même le vacarme du vent et des vagues. La mer avait balayé le pont et enlevé hommes, esparres, planches, bref tout ce qui s’y trouvait.

Le second mât était encore debout avec les lambeaux d’une toile déchirée et des cordages embrouillés qui le fouettaient en tous sens : « Le navire a déjà touché fond une fois, » me dit le matelot qui me l’avait montré tout à l’heure, « et il se relève pour toucher fond encore. » Il ajouta qu’il se partagerait par le