Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/301

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travers, et je le compris aisément, car il était impossible qu’une œuvre de la main des hommes résistât à de pareilles secousses. Le matelot me parlait encore de sa voix enrouée, lorsqu’un autre grand cri lamentable retentit sur la plage : quatre hommes sortirent de la mer avec la carcasse du navire, se cramponnant aux agrès du mât restant. Parmi les quatre, je remarquai de nouveau le personnage si actif à la chevelure bouclée.

Il y avait à bord une cloche : à mesure que le navire se démenait comme une créature que le désespoir frappe de démence, tantôt nous faisant voir tout son pont balayé lorsqu’il se tournait vers le rivage, tantôt ne présentant plus que sa quille lorsqu’il rebondissait et se retournait vers la mer, la cloche sonnait… et le vent nous portait ce glas de mort des infortunés naufragés ; le navire plongea, et puis reparut avec deux survivants de moins. L’angoisse était croissante sur la place. Les hommes joignaient les mains, gémissant, se désolant ; les femmes pleuraient, criaient et détournaient la tête : quelques-uns se prirent à courir de côté et d’autre, appelant du secours là où aucun secours ne pouvait être donné. Je fus de ce nombre, suppliant un groupe de