Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/303

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le laisser s’exposer à une mort inévitable.

Un troisième cri s’éleva sur le rivage… nous vîmes la cruelle voile fouettant à coups répétés le moins grand des deux naufragés, le précipiter dans l’abîme et menacer du même sort le survivant.

En présence de cette nouvelle scène, Cham, inébranlable dans le calme désespoir qui inspirait son courage, me repoussa doucement. Je n’aurais pas plus obtenu de la tempête si je m’étais adressé à elle, que de cet homme qui avait déjà une habitude d’autorité sur les autres là présents : « Monsieur Davy, » me dit-il en me serrant cordialement les deux mains, « si mon heure est venue, elle est venue ; si elle n’est pas venue, je puis tout braver. Que Dieu là-haut vous bénisse et qu’il bénisse… vous savez qui. Camarades, disposez tout, je pars ! »

On m’emmena à quelque distance, et là ceux qui, en m’emmenant, avaient obéi à un geste de Cham, me représentèrent qu’il était déterminé à se jeter à la mer avec ou sans les précautions qui pouvaient diminuer le danger et que je ne ferais que troubler celles qu’on allait prendre. Je ne sais ce que je répondis et ce qu’on me répliqua, mais je vis confusé-