Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment des matelots accourir avec la corde déroulée d’un cabestan qui était sur le rivage ; puis je vis Cham, seul, debout, en avant, une corde à la main ou autour de son poignet, une autre autour de son corps, et les plus robustes de ses camarades tenant l’extrémité de cette dernière corde qui traînait à ses pieds.

Cependant le débris du bâtiment allait se partager encore par le milieu ; cela était évident même pour ceux qui n’avaient pas l’habitude de la mer, et le dernier naufragé, cramponné au mât, ne pouvait tarder à disparaître. Il portait sur la tête un singulier bonnet de couleur rouge, — d’un rouge plus brillant que les bonnets dont se coiffent quelquefois les matelots. Nous le vîmes tous prendre ce bonnet à la main et l’agiter comme un signal. Il s’apercevait lui-même, tout en se rapprochant de la plage, qu’il n’y avait plus que quelques faibles planches entre la mort et lui ; son glas funèbre sonnait, par anticipation. À ce geste… était-ce une hallucination de mes sens ? avais-je réellement reconnu l’ami autrefois si cher à mon cœur.

Cham épiait le moment favorable pour s’élancer : profitant du reflux d’une immense