Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/305

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lame, s’étant tourné une dernière fois vers ceux qui restaient derrière lui et qui retenaient le corde qu’il avait autour du corps, il s’élança avec cette lame, la lutte commençant entre lui et les vagues, qui tantôt l’emportaient sur leurs crêtes, tantôt le repoussaient au rivage. Dans cette lutte, il fut blessé : de l’endroit où j’étais, je vis du sang à son visage ; mais Cham n’y faisait pas attention, et il me sembla que son geste indiquait à ceux qui tenaient la corde qu’il fallait le laisser plus libre de ses mouvements.

Le voilà de nouveau replongeant à travers les lames, perdu sous leur écume, avançant ou reculant alternativement vers le débris du bâtiment et redoublant d’effort chaque fois qu’il se voyait repoussé. La distance n’était rien : c’était la force du vent et de la mer qui rendait la lutte mortelle. À la fin, il s’était rapproché du but, tellement rapproché que d’un de ses bonds vigoureux il aurait pu l’atteindre… lorsque tout-à-coup, par delà le débris, une haute et vaste lame se lève et retombe dans la direction du rivage… l’intrépide Cham s’élance… il disparaît dans cette masse d’eau et, avec lui, tout ce qui restait du navire…