Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/315

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sa mère et qu’elle développa si bien en nourrissant son orgueil et sa violence, il me frappa et me défigura pour la vie ? Regardez-moi, portant jusqu’à la mort cette marque de sa colère ; gémissez sur ce qu’il est devenu, grâce à vous ! 

» — Miss Dartle, » dis-je en la suppliant, « pour l’amour du ciel !… 

» — Je parlerai, » me répondit-elle se tournant vers moi avec ses yeux flamboyants. « Je veux parler, et vous, taisez-vous !… Regardez mon visage, orgueilleuse mère d’un orgueilleux et traître fils. Gémissez, oui, gémissez ; car c’est vous qui avez nourri ses mauvaises passions, corrompu son cœur ; gémissez sur votre perte et gémissez sur la mienne. »

À la crispation de ses mains, au tremblement de tous ses membres, je crus que la fureur allait la tuer sur place.

« — Vous, » s’écria-t-elle, « vous, lui faire un crime de son égoïsme ; vous, vous dire outragée par sa hauteur ; — vous, sa mère, qui l’aviez fait ce qu’il était ; vous qui, après avoir flatté son enfance, auriez voulu que, dans un âge plus mûr, il pliât docilement sous vos fières volontés !… Vous avez aujourd’hui votre récompense !