Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/317

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quelle ardeur tout ce qui le charmait me charmait aussi. J’étudiai même ; aucun travail ne me coûta pour acquérir les connaissances qui l’intéressaient le plus, et je parvins ainsi à l’attirer à moi. Oui, quand son cœur était encore naïf et jeune, il m’aima. Oui, maintes fois, quand, vous sa mère, il vous avait blessée par un mot dédaigneux, il venait me trouver et me pressait sur son cœur. »

Elle dit cela avec une sorte d’orgueil au milieu de sa frénésie ; car l’excitation du moment avait rallumé les cendres d’un sentiment plus tendre, et ce fut ce sentiment qui sembla tout-à-coup la dominer lorsqu’elle ajouta :

« — Ah ! lui aussi il me fascina avec son amour de jeunesse ; et j’oubliai en l’écoutant que j’aurais dû lui résister pour n’être pas un jour délaissée par son inconstance, mise de côté comme un jouet d’enfant, bon tout juste pour l’amusement d’une heure. Mais, du moins, je ne voulus pas m’imposer à lui. Quand il cessa de m’aimer, je fis taire mon propre amour ; — son caprice éteint, je n’aurais pas plus voulu faire valoir les droits de ma faiblesse, que je n’aurais voulu être sa femme s’il ne m’avait épousée que par force. Nous nous quittâmes sans un mot d’explication.