Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/330

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rons à chaque pas : la distance n’est qu’imaginaire ! »

Singulier tempérament, merveilleuse disposition d’esprit ! Le même M. Micawber qui, lorsqu’il se transporta de Londres à Cantorbéry, parlait de ce voyage comme s’il allait aux extrêmes limites du globe, — aujourd’hui qu’il se rendait d’Angleterre en Australie, s’exprimait comme s’il s’agissait d’une promenade de Douvres à Boulogne. Bientôt son enthousiasme devint poétique :

« — Je veux. » dit-il, « charmer l’équipage de temps en temps par quelque joyeuse histoire ; mon fils Wilkins fera entendre ses mélodies, et Mrs Micawber, dès qu’elle aura le pied marin, chantera sa ballade favorite du Petit Tufflin. D’autres distraction abrégeront le voyage : les phoques et les dauphins ne viendront-ils pas nager autour de nôtre bâtiment ? les nuages ne prendront-ils pas des formes pittoresques ? Bref, quand la vigie criera du haut du mât : Terre ! terre ! je parie que nous serons tout surpris d’être arrivés. 

» — Et moi ce que j’espère surtout, mon cher M. Copperfield, » ajouta Mrs Micawber, « c’est que, sur le sol de la mère-patrie, pourront encore fleurir quelques branches de notre