Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/331

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

famille… Ne froncez pas le sourcil, M. Micawber, je veux parler des enfants de nos enfants, qui, un jour, se transplanteront du Nouveau-Monde dans l’Ancien, et y perpétueront les vieux rejetons de l’arbre primitif. Oui, si la fortune nous sourit, je désirerais que l’or que nous laisserons après nous, pût refluer dans les coffres de la Grande-Bretagne. 

» — Ma chère, » dit M. Micawber, « que la Providence se charge de la Grande-Bretagne. Elle a fait si peu pour moi, qu’en vérité je n’ai pas à m’inquiéter pour elle. 

» — M. Micawber, vous avez tort, » reprit Mrs Micawber ; « si vous allez si loin, ce n’est pas pour rompre tous vos liens avec la mère-patrie, mais pour les fortifier ; Jusqu’ici vous n’avez pas été apprécié par vos concitoyens, cela est vrai ; mais vous le serez plus tard. Il faut bien vous persuader que vous allez en Australie pour y être le César de votre fortune, pour y conquérir les honneurs et les richesses qui sont dus à votre mérite, pour y donner un démenti à ceux qui n’ont pu encore ni vous comprendre, ni vous employer selon votre capacité. Et croyez-vous que, devenu un grand homme en Australie, vous ne serez pas réclamé par la Grande-Bretagne comme un de ses enfants ?