Page:Dickens - David Copperfield, traduction Pichot, 1851, tome 3.djvu/332

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Croyez-vous que la page que l’histoire vous réserve ne sera pas lue, avec un orgueil patriotique, par ceux dont les pères vous ont ignoré ? Non, M. Micawber, je ne suis qu’une femme…, mais je suis la vôtre, et je ne serais pas digne de moi-même, je ne serais pas digne de vous, si je le pensais. »

M. Micawber fut évidemment subjugué par cette éloquence :

« — Ma chère, » dit-il, « j’ai toujours rendu justice à votre affection et à votre bon sens : je m’y soumets encore aujourd’hui. Le ciel me préserve de bouder ma terre natale et de lui envier la fortune que pourront lui apporter un jour nos descendants. 

» — C’est à merveille, » dit ma tante qui fit un signe de tête à M. Daniel Peggoty, et, s’apercevant que le bol, source de toute cette exaltation conjugale, n’était pas encore vide, elle ajouta : « Je propose un dernier toast à votre prospérité ! »

M. Daniel Peggoty, qui avait pris les deux jumeaux Micawber sur ses genoux, les mit par terre peur se joindre à nous dans ce toast final. Lorsque je vis le brave homme sourire en secouant cordialement la main de son compagnon d’émigration, je sentis que le cil exau-